S’endormir contre toi

Être rassurée.

Lovée contre ton corps.

Me sentir en sécurité.

Dans la douceur de ce moment.

Tendrement, ne plus bouger.

Sentir ta chaleur.

Écouter ton souffle.

Visualiser ta conscience s’envoler.

Sourire.

Me rapprocher.

T’enlacer.

C’est aussi ça, ma façon de t’aimer.

Le réveil

Les lourds rideaux donnent encore l’illusion de la nuit, elle dort. D’un sommeil doux et paisible, sa respiration est lente.

Sur la pointe des pieds, il entre. Le lit est chaud. Trop moelleux à son goût mais ELLE y est.

Couché à côté d’elle, il la regarde dormir, la trouve belle dans son sommeil. Innocente. Il a envie d’elle, d’une caresse sur sa peau, de ses baisers.

Alors il se lance. Une main sur ses côtes, il touche ce corps aimé, caresse du bout des doigts son flanc, son ventre, ses seins, ses épaules.

Un grognement lui indique qu’elle se réveille. Elle est si drôle quand elle se réveille. Cette mine renfrognée, ces cheveux en bataille. Il aime même cette facette d’elle : pas du matin.

Elle s’étire doucement, grogne, gémit pour finalement ouvrir les yeux. De sa voix endormie, elle lui murmure une salutation. Il sourit. L’embrasse.

Ses gestes reprennent. Flanc, ventre, seins,… La litanie continue. Minute après minute, au fur et à mesure de son réveil, elle se montre plus réceptive. Elle se cambre pour recevoir ses caresses, se retourne. Il sourit encore, sait ce qu’elle veut. Prestement, la main caresse les fesses douces. Un frisson la parcourt, celui du premier contact. Elle sourit. Ses fesses se dandinent.

La main se montre plus entreprenante et, d’un geste leste, se crée un passage jusqu’à son sexe.

Les caresses, du bout des doigts, sont appréciées. Il prend son temps. Joue avec elle. Il sent qu’elle est pleine d’impatience : il ralenti.

Elle décide de se retourner, rapidement, pour saisir le membre demandé. Il l’arrête dans son geste pour la plaquer sur le lit, sur le dos, jambes entrouvertes.

Elle a froid, sa couette a disparu. D’une main timide, elle la recherche. Il n’est pas de cet avis : des liens sont installés sur les bords du lit, il décide de l’obliger à rester tranquille.

Une fois captive, il l’embrasse. Ses lèvres descendent. Appuient tour à tour menton, cou, seins, ventre,… Elle a compris. Elle sourit.

Une bouche avide s’est arrêtée sur son sexe, elle gémit. Les gestes experts sont rapidement rejoins par une main qui ne l’est pas moins. Un doigt. Elle frissonne. Deux. Il la sent se resserrer de plaisir.

Rapidement elle perd pied : respiration si rapide, spasmes légers, il sait qu’il va gagner. Il accélère, la main restante pressant sur son pubis. Elle a du mal à reprendre son souffle. Son corps se soulève. Il y est presque. Encore un peu… Puis l’explosion : bouche ouverte dans un cri silencieux, son corps est en proie à de violentes convulsions. Cela ne l’arrête pourtant pas. Il continue jusqu’à ce que sa belle, qui a repris le contrôle de ses mouvements, le supplie d’arrêter.

Il s’arrête, sourit, se relève pour l’embrasser. Et lui murmurer “Tu as perdu”.

L’inconnue du train

“La place est libre ?” entend-elle. Cette phrase la tire de ses pensées.

Une femme essoufflée et transpirante se tient dans le couloir, un gros bagage à la main.

Laconique, elle acquiesce d’un mouvement de tête sans un mot, puis reprend le cours de sa rêverie.

La femme part rejoindre son fils et sa belle fille, installés en ville, elle-même préfère la campagne. Et les trains sont tellement chers ! Et les jeunes deux sièges plus loin parlent trop fort, de toute façon cette génération n’a plus aucun respect.

“Comme celui de respecter mon silence” pense la voyageuse forcée de cohabiter avec elle. Mais elle n’écoute plus. Ses yeux sont perdus dans le paysage : elle regarde les champs, les villages, le ciel.

Parfois elle voit des personnes, un homme agacé par son chien fou courant dans les prés, une femme à vélo oppressée par les voitures attendant à côté d’elle, un enfant qui s’amuse à faire des grimaces aux voyageurs éphémères. Elle aime imaginer leur histoire, qui ils sont. Elle leur donne un nom, une famille, un travail : une vie.

Les minutes puis les heures passent. Le paysage défile continuellement, l’inconnue parle toujours, et l’esprit se lasse.

Quelques pensées pour les inconnus, pour ses proches, pour l’environnement qu’elle quitte et celui qu’elle va trouver et ses yeux se ferment.

Sa conscience s’échappe, elle ne remarque même pas que sa tête s’est posée sur l’épaule de la bavarde.

La faute à Netflix

Deux corps nus devant la télévision, pressés l’un contre l’autre. Pourtant aucune lueur dans leur yeux : ils sont rivés sur les images qui défilent.

Pas un mot, pas un regard l’un pour l’autre. La caresse est mécanique, automatique, une main posée sur l’autre.

Est ce que le programme est intéressant ? Sans plus. Ils ont pourtant le besoin de s’occuper l’esprit, de ne plus penser à rien durant quelques heures, zombies sans cerveau qui ne songent qu’à ne plus avoir à penser.

Ont-ils faim ? Ont-ils soif ? Ils n’en savent rien. Tout devient mécanique, un prétexte pour occuper ses mains.

Parfois, l’un se lève pour satisfaire ses besoins naturels puis revient, avec un mot ou en silence. Tout est normal.

Pourtant ça ne devrait pas l’être.

Le programme est fini, l’un s’avance pour déclencher la suite. Mais l’autre arrête son geste :

“Ce soir, on programme une soirée rien qu’entre nous ?”

Histoire du soir

Elle l’attendait. 19h. Il ne devrait plus tarder.

À la fois fébrile et impatiente, elle attendait, assise sur le lit. Elle avait choisi une tenue simple qu’en apparence. Quelle sensation que d’être la seule à savoir ce que cache ce t-shirt et cette jupe stricte.

Elle entend des pas. Elle sait que c’est lui. Elle sourit et pourtant elle a peur.

Des coups sur la porte, elle ouvre. Il sort du travail, ses traits sont fatigués, pourtant il ne semble pas vouloir dormir.

Elle lui propose un thé, laissé généreusement par l’hôtel mais il garde les yeux dans le vide, il a l’esprit ailleurs. « Déshabille toi ».

Elle le regarde, et dans un sourire qu’elle veut rempli de malice, ôte son T-shirt d’un geste brusque. Ses yeux sont pourtant timides lorsqu’elle croise les siens, posés sur son soutien-gorge bustier. Ravalant sa salive, bravant son regard, elle fait glisser la fermeture de sa jupe. Le tissu tombe à ses pieds, dévoilant ses bas retenus par un mince porte-jartelle en dentelle.

Il semble apprécier ce qu’il voit, mais n’en dit mot. Seul ses yeux le trahissent. Le regard d’un enfant, qui se change soudainement : il regarde le sac qu’il a apporté avec lui. Il souri. Il sait quoi faire.

« Apporte mon sac ». Elle s’exécute. L’ouvre sous ses ordres. Son contenu la laisse dubitative. Elle appréhende l’utilisation qui en sera faite.

Pourtant, elle obéit. S’assoit sur le lit pendant qu’il pose minutieusement ses outils sur le bureau.

Le premier, elle le connaît. L’apprécie. Il lui permet de mieux ressentir, de respirer avec elle-même : il lui dépose le bandeau sur les yeux. Elle ne voit plus. Il faut maintenant se servir de ses autres sens.

L’odorat notamment lui permet de deviner la suite : elle connaît cette odeur. Forte. Animale.

C’est docilement qu’elle le laisse passer ses cordes autour de ses poignets, de ses jambes,… jusqu’à ce que son corps soit totalement à la merci de son « bourreau » du jour.

« Enfin les choses sérieuses commencent » se surprend-elle à penser. Que lui arrive t-il ? Sa peur s’est envolée. Elle a envie. Cette découverte la laisse surprise. Pourtant elle le sait. Elle le veut. Cela ne lui ressemble pas. Pourquoi avoir accepté ? Pourquoi voulait-elle le rencontrer ? Elle le veut mais quelque part, la petite fille sage qui est en elle lui rappelle les convenances. Au diable les convenances.

Une voix la tire de sa rêverie. C’est lui. Le timbre de sa voix a changé. Il a les cartes en main, maintenant.

Sous ses ordres elle s’agenouille sur cette moquette, combien de femmes ont fait pareil avant elle ?

Il lui ordonne de la prendre… mais où est-elle ? Elle ouvre la bouche, espérant qu’il l’aide. Elle sent qu’il l’a posée contre sa lèvre inférieure. Elle essaie de l’attraper, elle avait oublié que ses mains étaient prisonnières de son dos.

Impossible de perdre la face. Elle ne s’avouera pas vaincue si facilement. D’un geste qu’elle espérait sensuel, elle se recule légèrement pour y déposer un baiser. L’objet y semble sensible. Elle recommence. Doucement. Légèrement. Baiser après baiser, douceur après douceur, l’objet s’agite. Lentement. Le sang afflue.

Il s’impatiente. Elle décide d’obéir. Feintant un dernier baiser, elle ouvre la bouche pour l’enrober de ses lèvres.

Toujours doucement, elle avance sa tête. Puis la recule. Elle continue ce mouvement, se régalant de l’impatience qu’elle lit dans ses soupirs.

« Plus vite » gronde t-il. « Non » se dit-elle. Elle veut le sentir à bout. Jouer avec ses nerfs et sa patience.

Alors elle poursuit, de ce rythme agaçant. Combien de temps va-t-il encore tenir ? Pas longtemps. Une main attrape ses cheveux, l’obligeant à se soumettre.

Pourtant, intérieurement, elle sourit. Elle a gagné, il est à sa merci.

Un liquide chaud l’empêche de poursuivre le cours de ses pensées : il se déverse dans sa bouche dans un râle conquérant.

Elle déglutit fièrement, poussant même le vice jusqu’à nettoyer l’arme du crime du bout de sa langue. Une fois qu’elle le sent propre, elle sourit.

« Ne souris pas trop, tu vas voir ce qu’il en coûte de jouer avec moi »

Elle a hâte.

La soirée est loin d’être finie.