Histoire du soir

Elle l’attendait. 19h. Il ne devrait plus tarder.

À la fois fébrile et impatiente, elle attendait, assise sur le lit. Elle avait choisi une tenue simple qu’en apparence. Quelle sensation que d’être la seule à savoir ce que cache ce t-shirt et cette jupe stricte.

Elle entend des pas. Elle sait que c’est lui. Elle sourit et pourtant elle a peur.

Des coups sur la porte, elle ouvre. Il sort du travail, ses traits sont fatigués, pourtant il ne semble pas vouloir dormir.

Elle lui propose un thé, laissé généreusement par l’hôtel mais il garde les yeux dans le vide, il a l’esprit ailleurs. « Déshabille toi ».

Elle le regarde, et dans un sourire qu’elle veut rempli de malice, ôte son T-shirt d’un geste brusque. Ses yeux sont pourtant timides lorsqu’elle croise les siens, posés sur son soutien-gorge bustier. Ravalant sa salive, bravant son regard, elle fait glisser la fermeture de sa jupe. Le tissu tombe à ses pieds, dévoilant ses bas retenus par un mince porte-jartelle en dentelle.

Il semble apprécier ce qu’il voit, mais n’en dit mot. Seul ses yeux le trahissent. Le regard d’un enfant, qui se change soudainement : il regarde le sac qu’il a apporté avec lui. Il souri. Il sait quoi faire.

« Apporte mon sac ». Elle s’exécute. L’ouvre sous ses ordres. Son contenu la laisse dubitative. Elle appréhende l’utilisation qui en sera faite.

Pourtant, elle obéit. S’assoit sur le lit pendant qu’il pose minutieusement ses outils sur le bureau.

Le premier, elle le connaît. L’apprécie. Il lui permet de mieux ressentir, de respirer avec elle-même : il lui dépose le bandeau sur les yeux. Elle ne voit plus. Il faut maintenant se servir de ses autres sens.

L’odorat notamment lui permet de deviner la suite : elle connaît cette odeur. Forte. Animale.

C’est docilement qu’elle le laisse passer ses cordes autour de ses poignets, de ses jambes,… jusqu’à ce que son corps soit totalement à la merci de son « bourreau » du jour.

« Enfin les choses sérieuses commencent » se surprend-elle à penser. Que lui arrive t-il ? Sa peur s’est envolée. Elle a envie. Cette découverte la laisse surprise. Pourtant elle le sait. Elle le veut. Cela ne lui ressemble pas. Pourquoi avoir accepté ? Pourquoi voulait-elle le rencontrer ? Elle le veut mais quelque part, la petite fille sage qui est en elle lui rappelle les convenances. Au diable les convenances.

Une voix la tire de sa rêverie. C’est lui. Le timbre de sa voix a changé. Il a les cartes en main, maintenant.

Sous ses ordres elle s’agenouille sur cette moquette, combien de femmes ont fait pareil avant elle ?

Il lui ordonne de la prendre… mais où est-elle ? Elle ouvre la bouche, espérant qu’il l’aide. Elle sent qu’il l’a posée contre sa lèvre inférieure. Elle essaie de l’attraper, elle avait oublié que ses mains étaient prisonnières de son dos.

Impossible de perdre la face. Elle ne s’avouera pas vaincue si facilement. D’un geste qu’elle espérait sensuel, elle se recule légèrement pour y déposer un baiser. L’objet y semble sensible. Elle recommence. Doucement. Légèrement. Baiser après baiser, douceur après douceur, l’objet s’agite. Lentement. Le sang afflue.

Il s’impatiente. Elle décide d’obéir. Feintant un dernier baiser, elle ouvre la bouche pour l’enrober de ses lèvres.

Toujours doucement, elle avance sa tête. Puis la recule. Elle continue ce mouvement, se régalant de l’impatience qu’elle lit dans ses soupirs.

« Plus vite » gronde t-il. « Non » se dit-elle. Elle veut le sentir à bout. Jouer avec ses nerfs et sa patience.

Alors elle poursuit, de ce rythme agaçant. Combien de temps va-t-il encore tenir ? Pas longtemps. Une main attrape ses cheveux, l’obligeant à se soumettre.

Pourtant, intérieurement, elle sourit. Elle a gagné, il est à sa merci.

Un liquide chaud l’empêche de poursuivre le cours de ses pensées : il se déverse dans sa bouche dans un râle conquérant.

Elle déglutit fièrement, poussant même le vice jusqu’à nettoyer l’arme du crime du bout de sa langue. Une fois qu’elle le sent propre, elle sourit.

« Ne souris pas trop, tu vas voir ce qu’il en coûte de jouer avec moi »

Elle a hâte.

La soirée est loin d’être finie.

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