Je vois et ne vois rien

J’ai des tendances agoraphobes.

Pourtant, en ville, rien n’y paraît. Pourquoi ?

Je ne vois pas les gens. Je ne vois pas la foule. Je l’occulte complètement de ma réalité.

Je déambule, marche tranquillement en admirant les façades. Ondoyant le bassin pour éviter quelque chose. Pour me faire une place. Tête légère qui ne voit rien. Œillères salvatrices de mon état mental.

J’entends du bruit : des voitures, des conversations téléphoniques, des scènes de ménage ou des musiques sur le haut parleur du téléphone. Impossible d’identifier leur provenance.

Je ris parfois en pensant au piètre témoin oculaire que je ferais en cas de délit.

Une main se pose sur mon épaule, me demandant de me décaler. À qui appartenait-elle ? Même sous la torture je ne pourrais vous répondre. Homme ou femme ? Jeune ou vieux ? Une main. Une main dont la sensation s’est envolée immédiatement après qu’elle ait quitté ma chair.

Je vois qu’il y a des humains. Mais je ne les vois pas.